En 2021, en France (hors Mayotte), les personnes entre 55 et 69 ans sont principalement
à la retraite (43 %) ou en emploi (41 %), dont 3 % en cumul emploi‑retraite (sources). Les 16 % restants, « ni en emploi ni à la retraite » (NER), sont soit au chômage (3 %), soit inactifs sans percevoir de retraite (13 %).

Aux extrémités de ces âges, la situation sur le marché du travail est très hétérogène.
À 55 ans, 79 % des personnes sont en emploi, les autres situations étant minoritaires :
5 % sont au chômage, 15 % inactifs sans être à la retraite et 1 % retraités (figure 1). À l’opposé, à 69 ans, 91 % des personnes sont retraitées sans emploi (on parlera
simplement de « retraitées » dans la suite du texte). Seulement 5 % sont en emploi,
la majorité en situation de cumul emploi‑retraite, et 3 % sont NER.

Entre 55 et 69 ans, la situation sur le marché du travail évolue surtout autour de
62 ans, âge minimum légal d’ouverture des droits à la retraite en 2021 (encadré). Jusqu’à 61 ans, la situation la plus fréquente est d’être en emploi (47 % des seniors
de 61 ans sont en emploi, dont 4 % en cumul emploi-retraite). La part de retraités
passe de 1 % à 25 % entre 55 et 61 ans. À 62 ans, elle atteint 50 %, puis augmente
continûment avec l’âge.

De 20 % à 55 ans, la part de personnes ni en emploi ni à la retraite atteint 28 %
à 61 ans. À 62 ans, du fait de l’augmentation des départs à la retraite, cette part
chute de 11 points, puis continue de baisser jusqu’à atteindre 3 % à 69 ans.

Sur l’ensemble des 55-69 ans, la part des NER est passée de 14 % en 2014 à 16 % en
2021, du fait d’une augmentation des inactifs sans retraite (de 11 % à 13 %), la part
des chômeurs restant stable. Depuis 2014 en effet, en raison notamment des différentes
réformes des retraites, la part des retraités a baissé de 8 points, alors que celle
des seniors en emploi a nettement augmenté (+6 points), mais sans compenser totalement.

Entre 2014 et 2021, les parts de personnes ni en emploi ni à la retraite ont particulièrement
augmenté entre 60 et 62 ans et entre 65 et 67 ans, soit aux seuils d’âges concernés
par les réformes passées (figure 2). La part des retraités a notamment baissé de 27 points à 61 ans entre 2014 et 2021.
Cette baisse n’est toutefois qu’en partie compensée par une hausse de la part des
personnes en emploi à cet âge (+15 points). Aussi, la part des NER a dans le même
temps augmenté de 11 points à 61 ans, principalement celle des inactifs sans retraite.
Une étude publiée en 2017 analysant la réforme de 2010 montrait aussi une nette hausse
de la part des NER, davantage tirée par le nombre de chômeurs [Dubois, Koubi, 2017].

Bien que le taux d’emploi des seniors ait nettement augmenté en France, pour atteindre
41 % parmi les 55-69 ans en 2021, il reste inférieur à celui d’autres pays européens,
notamment l’Allemagne (57 %). L’écart est particulièrement important entre 60 et 64 ans :
62 % des personnes de cette tranche sont en emploi en Allemagne, contre 36 % en France.
À l’inverse, dans cette tranche d’âge, la part des retraités sans emploi est trois
fois moins importante en Allemagne qu’en France, l’âge légal d’ouverture des droits
à la retraite étant fixé à 65 ans et 9 mois en 2021 Outre-Rhin (cet âge est relevé
progressivement de 65 à 67 ans entre 2012 et 2029).

Parmi les 55-69 ans, la part de personnes ni en emploi ni à la retraite est, en moyenne,
équivalente en France et en Allemagne (autour de 16 %). Cependant, jusqu’à 61 ans,
la part de NER est inférieure en Allemagne (15 % à 55 ans, contre 20 % en France).
La tendance s’inverse entre 62 et 65 ans : à 62 ans, 26 % des personnes sont NER,
contre 17 % en France. De fait, en France comme en Allemagne, la part de NER augmente
à l’approche de l’âge légal de départ à la retraite, puis diminue fortement.

Plus précisément, en France, sept ans avant l’âge d’ouverture des droits, 20 % des
seniors ne sont ni en emploi ni à la retraite (respectivement 18 % en Allemagne) et
cette part augmente les années suivantes (figure 3). Toutefois, alors qu’en France la part de NER continue d’augmenter dans les deux
années précédant l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite, elle se replie
un peu Outre-Rhin : ce repli peut s’expliquer par les conditions de départs anticipés
à la retraite avec décote qui existent en Allemagne, avant l’âge légal d’ouverture
des droits. Finalement, à l’âge légal d’ouverture des droits, la part de NER est similaire
dans les deux pays (17 % en France et 16 % en Allemagne). Dans les années qui suivent,
elle diminue dans les deux pays, mais reste plus élevée en France (autour de 10 %,
contre environ 6 % en Allemagne).

En France, parmi les personnes de 55 à 69 ans ni en emploi ni à la retraite, 61 %
sont des femmes. À 55 ans, 22 % des femmes et 17 % des hommes sont dans cette situation.
Jusqu’à 61 ans, la part augmente de façon nettement plus importante pour les femmes :
à 61 ans, 33 % des femmes sont NER, contre 22 % des hommes. Si la part des NER diminue
nettement après 62 ans, la différence entre femmes et hommes s’accentue en revanche :
entre 62 et 69 ans, les femmes sont près de deux fois plus souvent NER que les hommes
(11 % contre 6 %). Cette évolution peut être le reflet de carrières plus souvent incomplètes
pour les femmes, qui retardent l’atteinte du taux plein.

Parmi les seniors de 55 à 69 ans ni en emploi ni à la retraite, 17 % sont en recherche
active d’emploi et sont considérés comme chômeurs au sens du BIT, 39 % sont inactifs
pour raison de santé ou de handicap et 44 % le sont pour une autre raison. Qu’ils
soient chômeurs ou ayant des problèmes de santé, la situation des NER est donc le
plus souvent subie, notamment entre 55 et 61 ans puisqu’ils représentent 64 % des
NER à ces âges. Parmi les NER pour une autre raison, 30 % indiquent être « à la retraite
ou proches de la retraite » et 30 % « au foyer ».

La raison principale de non-emploi chez les seniors ni en emploi ni à la retraite
évolue fortement selon l’âge. La part de chômeurs oscille autour de 5 % jusqu’à 61 ans
puis diminue progressivement (figure 4). Entre 55 et 61 ans, 11 % déclarent être ni en emploi ni à la retraite pour raison
de santé ou de handicap (contre 4 % à 45 ans) ; cela représente 45 % des NER.

À 62 ans, la part des NER pour raison de santé ou de handicap diminue de 6 points,
à 6 % à cet âge, et celle des NER au chômage diminue de 2 points, à 2 %. Une partie
des personnes concernées deviennent des retraités ; c’est la principale explication
de la baisse d’ensemble de la part des personnes ni en emploi ni à la retraite (-11 points).

D’autres raisons de non-emploi prennent le relais après 62 ans. Ainsi, les deux tiers
des NER âgés de 62 à 69 ans citent des raisons d’inactivité autres que le chômage
ou les problèmes de santé. Parmi ces raisons, la modalité « à la retraite ou à l’approche
de la retraite » est majoritaire (52 %). Les trois quarts de ces personnes âgées de
62 à 69 ans NER pour une autre raison sont des femmes, 70 % vivent en couple et 20 %
n’ont jamais travaillé. Certaines de ces personnes peuvent être bénéficiaires d’une
pension de réversion seule, non identifiées comme retraitées dans l’enquête Emploi
(sources). À partir de 62 ans, certaines personnes ni en emploi ni à la retraite peuvent également
être dans l’attente d’une retraite à taux plein. En effet, la part de NER diminue
de 3 points à 67 ans.

63 % des personnes ni en emploi ni à la retraite âgées de 55 à 61 ans déclarent avoir
une maladie ou un problème de santé chronique ou durable, contre 35 % des seniors
en emploi aux mêmes âges (figure 5). C’est le cas de presque tous ceux qui n’ont pas d’emploi pour cette raison (92 %),
mais les autres NER (au chômage ou inactifs pour d’autres raisons) sont aussi en proportion
plus nombreux à déclarer avoir une maladie ou un problème de santé (41 %).

Les trois quarts des NER pour raison de santé ou de handicap âgés de 55 à 61 ans possèdent
une reconnaissance administrative de handicap (accordée ou en cours d’instruction),
contre seulement 7 % des personnes en emploi du même âge. Les départs à la retraite
anticipés pour les personnes en situation de handicap sont soumis à des conditions ;
ainsi tous les NER pour raison de santé ou de handicap n’y sont pas éligibles. Par
ailleurs, les seniors qui remplissent les conditions de la retraite pour inaptitude
au travail peuvent attendre le taux plein, accordé à 62 ans dans ce cas. Au total,
37 % des NER pour raison de santé ou de handicap et âgés entre 55 et 61 ans n’ont
plus d’emploi à la suite d’une rupture de contrat pour maladie ou invalidité. Sans
emploi depuis 11 ans en moyenne, ils sont seulement 7 % à souhaiter travailler. Plus
éloignés du marché du travail, ils sont également moins qualifiés : en 2021, 70 %
d’entre eux étaient employés ou ouvriers dans leur dernier emploi, 39 % étant peu
qualifiés [Ouvrir dans un nouvel ongletFlamand, 2023]. La moitié d’entre eux sont peu ou pas diplômés, contre 20 % des personnes en emploi et 42 % de l’ensemble des NER aux mêmes âges.

En 2021, 19 % des NER de 55 à 61 ans sont à la recherche d’un emploi et disponibles
pour travailler, donc considérés comme chômeurs au sens du BIT. Ce sont un peu plus
souvent des hommes que dans l’ensemble des NER (50 % contre 41 %). Ces personnes sont
les plus proches de l’emploi parmi l’ensemble des NER : 93 % sont inscrits à Pôle
emploi, leur ancienneté moyenne sans emploi s’établit à 3 ans (contre 9 ans pour l’ensemble
des NER) et seulement 2 % d’entre eux n’ont jamais travaillé (contre 10 %). Bien que
moins qualifiés et diplômés que les seniors en emploi du même âge, ces seniors au
chômage ont plus souvent été cadres ou professions intermédiaires que les autres personnes
ni en emploi ni à la retraite (34 %, contre 23 % de l’ensemble des NER de 55 à 61 ans)
et sont plus diplômés : 25 % sont diplômés du supérieur, contre 16 % de l’ensemble
des NER de 55 à 61 ans.

En 2021, 36 % des personnes âgées entre 55 et 61 ans ni en emploi ni à la retraite
ne sont pas au chômage et sont sans emploi pour une autre raison qu’un problème de
santé ou de handicap. Ce sont très majoritairement des femmes (72 %, contre 59 % de
l’ensemble des NER de cette tranche d’âge). Il s’agit d’une population moins isolée
et fragilisée que celle des NER pour raison de santé ou de handicap : notamment 60 %
vivent avec un conjoint en emploi ou à la retraite (contre 36 %). Leur niveau de diplôme
ou leur situation par rapport au marché du travail est hétérogène, souvent dans une
situation intermédiaire entre les chômeurs et les NER pour raison de santé ou de handicap.
Notamment 30 % souhaiteraient travailler et un tiers d’entre eux sont inscrits à Pôle
emploi. Cependant, 14 % de ces personnes n’ont jamais travaillé. Et pour celles qui
ont déjà travaillé, elles sont sans emploi depuis 10 ans en moyenne.